lundi 26 janvier 2015

IEF-Formations secrètes pour le Djihad- Episode 2/2

IEF - Un centre de formation pour le Djihad

Comme promis, voici le deuxième volet de mon premier article sur l'IEF. Dans le 1er article, je vous ai présenté l'IEF, mais aussi et surtout la façon dont elle était perçue par l'Ecole "en dur" (genre y'a des murs, une cour de récré, des tableaux blancs ou noirs, des tables en ligne, en U ou en L, des chaises, 25 à 30 gamins et un(e) professeur(e) des écoles).

Mais là, on attaque le noyau dur, le noyau gouvernemental de la chose, la dimension ministérielle de l'IEF, et vous allez voir, nous ne sommes pas loin d'être dans une 4ème dimension! 
Vous savez déjà de quoi je vais parler (écrire), si vous êtes dans ce réseau restreint (mais pourtant si ouvert) qu'est l'IEF.
Je dis restreint, car les mamans, les papas et les enfants de l'IEF ne sont pas des millions en France.
Je dis ouvert, car les mamans, les papas et les enfants de l'IEF communiquent énormément entre eux : forums, réseaux sociaux, associations,...

Donc, notre Ministre de l'Education Nationale (que je vais appeler une seule fois Najat Vallaud-Belkacem, puis ensuite NVB) a voulu réagir à sa manière aux attentats qui ont affaibli (quoi qu'on en dise) notre pays si fier de ses Liberté, Egalité, Fraternité. Et sa manière à elle, on s'en serait bien passés, moi je vous le dis!
 
Cela me permet d'ailleurs de dire toute la peine que j'ai ressenti et que je ressens encore des suites de ces attaques terroristes, et des morts qui les caractérisent. Putain de bordel de merde, mais qu'Est-ce qui vous a pris les gars? Sans déconner, toucher à des mecs qui font des dessins! Votre place est en enfer! (Et j'y veillerai personnellement!)

Revenons à nos martiens de la 4ème dimension... Donc, NVB a "pondu" (pour ne pas dire "chier" qui serait trop vulgaire et c'est pas mon genre de dire des grossièretés, humm...) 11 mesures pour je cite "la laïcité et la transmission des valeurs républicaines".

11 mesures, ça ne vous rappelle rien ?

Moi ça m'a fait penser au film "Les 11 commandements", et je me suis dit : "Tiens, tiens, elle veut nous faire un remake d'un remake (Les 11 commandements de Mickael Youn est un remake de Jackass - Synopsis : le dieu de la blague confie à une bande de comiques la mission de faire rire à nouveau la population grâce à 11 commandements). NVB, merci de nous redonner le sourire! La blague est bien, elle est dans le contexte, dans l'actu, et en total adéquation avec ce dont les français ont besoin aujourd'hui : rire!
 
Ah! Quelqu'un me signale à l'oreillette que ce n'est pas un sketch, ce n'est pas un remake, ce n'est pas une blague. Ce sont apparemment de vraies mesures envisagées réellement par la Ministre. Oups, du coup, je ne ris plus, enfin, si, je ris jaune (on a le droit de le dire ça encore?).
Il me faut me pencher un peu plus sur le sujet dans ce cas, pour dire à Madame NVB qu'elle commet un impair (je dis UN mais ça veut dire DES).
 
Pour ceux qui auraient la curiosité de lire les 11 commandements prévus, il faut cliquer ici. Pour les autres (et j'espère qu'ils seront nombreux, car je risque de perdre des lecteurs en cours de route), voici un décryptage de la mesure N°9.
 

N°9, ça ne vous rappelle rien?

Moi ça me fait penser au film d'animation "N°9". Non là, je plaisante! En fait, c'était ma façon à moi de dire "CHUUUUT" (je le mets en majuscules, ce qui signifie en langage écrit que je le crie) aux histoires de complots qui circulent sur la toile et dans les établissements scolaires, concernant les attaques terroristes des 7 et 9 janvier dernier. (Tiens, en IEF je parie que les parents peuvent contrôler ce genre d'informations débiles et stériles.)
 
Donc, dans la mesure n°9, NVB fait l'amalgame. Vous savez, ce mot qu'on nous rabâche à toutes les sauces et qu'on utilise mal. "Arrêtons de faire l'amalgame!" Mais ON oublie (ON se sont les journalistes et les têtes pensantes qui parlent à notre place) de dire entre quoi et quoi on ne doit pas faire d'amalgame. Alors faut pas s'étonner qu'on en fasse si on ne nous dit pas entre quoi et quoi ne pas en faire.
 
Je viens du coup de trouver une excuse aux proliférations de NVB : elle savait pas entre quoi et quoi ne pas faire d'amalgame, du coup, elle en a fait un.
Je vous le donne en mille, l'amalgame de NVB (et de toute l'équipe qui travaille à son service, car on n'imagine pas une seconde qu'elle ait pris la plume pour ça)...
 
Ce que dit n°9 :
 
Les risques de repli chez les jeunes, pouvant représenter un danger pour eux-mêmes et pour la vie collective, seront mieux repérés.
L’instruction à domicile fera l’objet d’un contrôle renforcé, impliquant des équipes pédagogiques en appui aux corps d’inspection effectuant actuellement les contrôles. À cette fin, des professeurs seront missionnés pour venir en appui aux corps d’inspection effectuant actuellement ces contrôles. Des repères seront donnés afin de mieux évaluer la progressivité des apprentissages.
 
Ce qu'il faut comprendre :
 
L'instruction à domicile formerait potentiellement des terroristes. Les cours du CNED, les méthodes formelles ou informelles qui composent toutes les facettes de l'instruction à domicile, autrement dit l'IEF, seraient en fait des réserves pour les djihadistes en quête de nouveaux terroristes. Parce que quand tu fais des maths ou du français chez toi à ton gamin, bah il y a un risque de repli. Parce que ton gamin, tu en fais ce que tu en veux. Démonstration à suivre...

Donc une armée composée d'inspecteurs (le temps qu'ils soient tous formés, nos enfants auront déjà eu leur Bac +5) et de professeurs (faudra trouver les fonds pour leur payer les heures supplémentaires) viendra contrôler les familles en IEF.
Il leur sera indiqué (dans une circulaire qui n'est pas encore sortie mais que j'imagine très bien), de ne pas oublier de se vêtir d'un gilet pare-balle, d'un chien de détection (ceux qui renifleront partout pour trouver des traces d'explosifs, et accessoirement de drogues, indispensables pour financer tout projet terroriste) et accessoirement d'un bloc-notes et d'un crayon.
 
L'IEF aurait en fait un programme scolaire caché qui répondrait aux exigences de Daesh et des autres entités terroristes :
 
Education civique : Tu peux faire croire que "Le manuel du terroriste" est au programme et tu pointes avec lui, au stabylo de préférence, tout ce qu'il ne doit jamais oublier.
EPS : Tu peux aussi lui dire que manier les armes, ça fait partie de son cours d'Education physique et sportive. Kalach main droite, kalach main gauche, lancer de grenade, course à pied avec la ceinture explosive... Bref, il y a de quoi varier les disciplines pour éviter que ton enfant ne s'ennuie pas trop. L'activité physique est très importante!
Géographie : Si tu es un bon instructeur, tu te dois évidemment d'intégrer la carte de la Syrie et de l'Irak à son programme de géographie. Attention, il doit savoir replacer les frontières sans ton aide!
Maths : Pour les maths, tu lui apprends à calculer lui-même la valeur des morts (tu tues un français 10 points, un anglais 8 points), donc tu peux amener les problèmes de résolution grâce à ça : "Si au combat, je suis confronté à 3 familles juives, deux familles catholiques, mais que l'une d'elle se revendique comme convertie à l'islam radical, combien de personnes as-tu le droit de tuer?" Le mieux est de se passer à terme de la calculatrice, évidemment.
Informatique : Tu peux aussi aborder le monde numérique et l'informatique, en demandant à ton enfant de faire lui-même une recherche des prix les plus compétitifs pour rejoindre la Syrie depuis Paris (en incluant le transport en train pour aller à l'aéroport, les frais de taxi, etc...) Tu développeras ainsi son esprit vif et alerte, en cas de départ imminent.
Français : Tu peux oublier, là où il ira, il vaut mieux qu'il ne parle pas français, car il paraîtrait (enfin, ce ne sont que des rumeurs) que les djihadistes français sont pris pour des cons par les autres djihadistes... On leur ferait faire le sale boulot, on les transformerait en martyre et tout, enfin bref, une carrière peu prometteuse et une retraite plutôt anticipée.
Arts plastiques : Tu peux lui apprendre à reproduire un faux passeport et une fausse pièce d'identité, plus facile pour passer les frontières (quoi que, parait quand même qu'avec de bons passeurs, on y arrive).
Sciences : Ton enfant va apprendre à fabriquer lui-même une bombe artisanale. En plus, l'artisanat est très prisé, un métier difficile que celui d'artisan, mais il paraît que tu trouves toujours du travail!
 
Ah, on rigole bien non?
 
J'en remets une couche, parce qu'on n'en a jamais assez. Pis c'est tellement facile de dramatiser les scènes, que ça en devient amusant.
 

Petits conseils de prudence aux parents en IEF, soumis au contrôle à domicile de l'Inspection académique, à suivre avant , pendant et après toute visite-contrôle :

- ne pas laisser trainer de verres, stylos ou papier qui pourraient contenir votre ADN
- prétexter une allergie aux poils de chien, pour laisser Médor (le chien renifleur) dehors
- ranger vos armes (kalachnikov, couteau, grenade ou tout autre effet qui pourrait être considéré comme dangereux)
- raser la barbe de ses enfants si ce sont des garçons (pour les postiches, ne pas les laisser à la vue des contrôleurs)
- si votre fille est déjà mariée à son djihadiste chéri, lui ôter tous signes qui pourraient faire penser à leur union (photos de mariage, alliance...)
- installer un brouilleur de micro (mieux vaut prévenir que guérir)
- après le départ des inspecteurs, contrôler les dessous de chaque meuble, pour vérifier l'absence de micro placé lors d'un moment d'égarement
- si vous avez un Charlie Hebdo qui traîne, il sera votre meilleur alibi, n'hésitez pas à le placer en évidence (voire même dans un cadre)
- laisser trainer des caricatures réalisées par Cabu et Charb, sur des piles de documents, et dans les cahiers de vos enfants (au cas où on vous les demanderait, on ne sait jamais, ils voudront peut-être quand même faire semblant de vérifier que vous faites travailler vos enfants).
 
Si je force le trait volontairement pour faire ma comique, je ne fais pourtant que traduire ce que NVB s'imagine.
On pourrait imaginer que les frères Kouachi (dont les parents étaient soucieux de leur bien-être et de leur intérêt depuis la tendre enfance) aient suivi un parcours scolaire en IEF, et qu'ils ont été formés à devenir ce qu'ils sont, c'est-à-dire des terroristes, qui n'avaient qu'une idée, venger leur prophète en utilisant les armes plutôt que comme moi, les mots pour écrire un article... Sinon, pourquoi imaginer que l'IEF est un ghetto de terroristes ? De quoi elle nous parle la Dame ?
 

Alors non, rectifions les faits, et amenons un tantinet de réalité :

Les frères K et leur pote assassin antisémite, ne sont pas issus de l'IEF. Ils sont issus des bancs de l'école républicaine (cette phrase n'est pas de moi, je l'ai pompée, j'avoue). Ils sont passés dans diverses classes, ils ont croisé de nombreux camarades, professeurs, directeurs et surveillants. Ils ont même croisé les "dames de la cantine", celles qui ne sont pas aimables si tu laisses 3 grains de riz dans l'assiette et qui pètent un câble si tu ne mets pas en ligne tes couverts dans ton plateau!
Imaginons, ils ont même peut-être rencontré des psychologues scolaires (celles qu'on croit pouvoir t'imposer quand tu es en IEF). Et tous ces gens, tout ce personnel éducatif n'ont pas su repérer qu'ils avaient face à eux des terroristes en puissance... Bah bravo les gars! Pas de quoi être fiers, pas de quoi se vanter!
 
Alors Madame NVB, il ne faut pas vous étonner de recevoir des lettres et des pétitions comme celle-ci. Vous vous méprenez totalement sur les intentions des parents qui passent une grande partie de leur temps à instruire leurs enfants, à leur faire découvrir la vie en dehors de l'école : les sorties (pas la visite du musée des bols en céramique), les expos (pas celle de Pierre Michon, philatéliste), la musique (pas la flûte à bec), le sport (pas la balle-au-camp), la famille (pas vite fait une journée par mois), le dialogue (pas vite fait, entre deux frites et deux leçons)... Bref, les enfants en IEF ne savent pas ce qu'est le repli sur soi. Enfin si, ils savent car ce ne sont pas des abrutis analphabètes, mais ils ne le vivent pas... Et ils ont sans aucun doute beaucoup à vous apprendre Madame la Ministre, sur ce qu'est la laïcité, la liberté, l'égalité et la fraternité, pour la simple raison que leurs parents peuvent prendre le temps de leur expliquer les choses (comme tous les parents d'ailleurs), sans avoir besoin du "livre du professeur"...
 
A partir de là, je suis super sérieuse  (mais je l'étais déjà un peu avant, par moments):
Je vous invite TOUS à signer cette pétition, en cliquant sur le lien, pétition rédigée par UNIE, une association qui se bat bénévolement (sans armes, c'est encore possible heureusement), pour aider, conseiller et soutenir les parents qui optent pour des choix dans l'unique intérêt du bien-être de leur(s) enfant(s). Ces choix sont aussi bien l'IEF, que l'école classique, bien entendu, personne n'est exclu.
Votre signature est importante pour que UNIE puisse désormais participer aux projets de lois de l'Education Nationale, et qu'on ne laisse plus jamais dire de telles incohérences comme celles qui sont dans la mesure n°9 de NVB. Merci ! 
 
 

dimanche 25 janvier 2015

IEF. Mais t'es sûr que c'est une bonne idée? Episode 1/2

Ce sujet sera traité en deux temps, donc en deux articles, pour la simple raison que tout vous dire en un seul article, ce serait vous infliger une lecture trop longue. Et j'ai pitié de vous. Même si vous êtes habitués à mes looooongs articles, je n'oublie pas que vous N'AVEZ PAS toujours le temps de lire (enfin, ça c'est pour être poli, parce que normalement, je devrais dire que "vous NE PRENEZ PAS le temps de lire").
 

Episode 1/2 : IEF. Mais t'es sûr que c'est une bonne idée?

Logo créé par le Collect'IEF
Savez-vous ce qu'est l'IEF? Acronyme étrange pour signifier Instruction en famille. Jusque là, vous comprenez chaque terme (c'est bien!). Mais en langage courant, ça revient à "faire l'Ecole à la maison à ses enfants". Un truc de ouf!
Oui, parce qu'on nous bassine que "l'école est obligatoire jusqu'à 16 ans". Sauf que NON! L'école n'est pas obligatoire, en revanche, l'instruction OUI! Et il faut bien y apporter toutes les nuances nécessaires.
Même si l'IEF est un choix minoritaire d'instruction, ce choix existe bel et bien! Et de plus en plus de familles prennent la décision de déscolariser leurs enfants (je déteste ce terme de déscolarisation, qui porte à mon sens, une connotation péjorative).
 
A partir de 6 ans, les enfants doivent être instruits. Le chemin classique les amène donc sur les bancs de l'école primaire, avec toutes les joies que cela comporte pour nos progénitures. Oui, parce que l'école, en elle-même, c'est un bel endroit, avec de bonnes intentions et de belles réussites.
Les enfants adorent les récrés, aiment vachement moins la cantine, et encore moins l'étude. Mais l'école n'est pas une garderie, et doit rester un lieu de partage du savoir et des connaissances, transmis par des Professeurs des écoles.
 
La plupart des enseignants sont d'ailleurs compétents à ce titre. Et je ne me permettrai d'ailleurs pas de juger leur travail, car je ne suis pas sûre de pouvoir supporter une classe de 25 à 30 enfants qui pleurent de voir maman partir, qui mangent comme des cochons, qui font pipi dans leur culotte et qui parlent tous en même temps... Je noircis volontairement le tableau, car je sais bien que tous les enfants ne pleurent pas, tous ne mangent pas comme des cochons, tous ne font pas pipi dans leur culotte et tous ne sont pas de grands bavards.
 
Et les rentrées s'enchaînent jusqu'à la 16ème année, au moins (instruction obligatoire jusque 16 ans)...
 
Il existe des alternatives à l'école, telle qu'on la connaît. L'IEF est un autre chemin, que de plus en plus de familles suivent désormais.
Le choix est "couillu", il faut bien le reconnaître. Car même si c'est un DROIT d'instruire en famille, il faut parfois batailler pour le mériter.
Les aberrations commencent...
 
Admettons que votre enfant ait connu l'école classique jusque là, admettons que c'est un garçon, admettons qu'il a 10 ans et admettons qu'il est en CM2.
Mais cette année, son maître (son professeur des écoles de CM2) est l'incarnation de la mollesse : stature figée dans la classe, voix presque inaudible, ton monocorde, autorité au niveau 1 de l'échelle (qui va de 0 à 10, on lui met 1 parce que les élèves lui obéissent quand même quand il leur dit qu'ils peuvent partir en récré).
 
Votre enfant se plaint chaque jour (depuis la rentrée ça fait déjà 15 jours) que le maitre l'endort, qu'il sent ses paupières s'alourdir la plupart du temps et qu'il s'ennuie. Vous allez logiquement et à toute hâte, vérifier que les cahiers sont quand même remplis. Ils le sont, remplis par des photocopies en noir et blanc, imprimées un peu de travers et noircis par des leçons, des exercices.
 
Comme vous êtes des parents respectueux de la société (même s'il vous arrive de mettre des verres et des piles usagées dans la poubelle rouge), vous vous dites quand même que votre fiston, il exagère! Mais vous en parlez avec lui, parce qu'il est important de communiquer avec ses enfants :
 
"- Laisse le temps à ton maître de faire connaissance avec vous, il faut que vous vous adoptiez, vous les élèves et ton maître.
  - Mais il nous connaît déjà, il nous connaît tous, il était déjà là quand j'étais en CP.
  - Oui mais il ne vous connaît pas personnellement.
  - Bah si, il nous faisait les cours de sciences l'année dernière."
 
Votre enfant vient de mettre le coup de sabre mortel à vos arguments, qui partaient pourtant d'un bon sentiment. Mais vous allez pouvoir juger par vous-même, la réunion parents-professeur de début d'année est prévue samedi prochain à 9h00 (9h! sans déconner! un samedi!)
 
 
La semaine passe, vous attendez le samedi avec impatience, et vous n'osez plus demander à votre enfant si sa journée s'est bien passée. Pourtant, il a envie d'en parler et il vous raconte qu'il a été puni:
 
"-Le maître m'a puni parce que je me suis retourné dans la classe. J'avais ramassé le stylo de Naïma et j'ai voulu lui rendre. Mais il ne m'a pas laissé m'expliquer. (Vous n'êtes pas aussi naïf que votre enfant le pense, et vous savez au fond de vous, que votre enfant avait sûrement engagé une petite discussion de routine avec Naïma, en lui rendant son stylo certes, mais pas que...)
 - Quelle punition t'a t-il donné?
 - Il m'a demandé de croiser les bras sur ma table et de poser ma tête dessus pendant 10 minutes.
 - Ah bon, mais tu as du trouver de temps long?
 - Non, je me suis endormi, c'est Thomas qui m'a réveillé."
 
Outch! Votre gamin a profité de la punition pour faire une sieste. Comment ne pas éclater de rire? Impossible, vous éclatez de rire. Y'a de quoi!
Ah oui, aussi, il faut préciser que cette année, le Gouvernement a cru bon de rajouter une journée de classe aux enfants de primaires. Donc avant, certains profitaient du mercredi matin (ou du samedi matin) pour se reposer, pour flâner, glandouiller en pyjama (comme certains d'entre nous aiment à le faire le dimanche, s'ils ne travaillent pas). Mais là, non, on chamboule tout à nouveau, on remet les gamins à l'école un jour de plus. Comme ça, on allège leur emploi du temps (SI C'EST PAS SE FOUTRE DE LA GUEULE DU MONDE!) Bref...
 
Le samedi arrive, il est 9h, vous avez pris votre place, un peu étroite (puisque pensée pour des jeunes enfants). Vous avez pris votre stylo et une feuille de papier pour prendre des notes. Mais là, le maître est comme votre enfant vous l'a décrit. Vous n'entendez presque rien de ce qu'il dit. Vous tentez de lire sur ses lèvres (et quand on ne pratique pas souvent, ça ne donne pas un résultat probant). Vous regardez les autres parents pour deviner si comme vous, ils ont une subite envie de dormir (outre le fait qu'il soit 9h07, vous ne quittez pas l'horloge des yeux).
 
En sortant de là, vous réfléchissez à ce que vous allez bien pouvoir dire à votre enfant, car il attend votre compte-rendu avec impatience. Vous direz uniquement "ça c'est bien passé, y'avait pas mal de parents!" Et vous trouvez un prétexte pour changer de sujet. De toute façon, c'est l'heure de préparer le déjeuner.
 
C'est en catimini que vous allez raconter au papa que ce maître est un somnifère muni de 2 bras, 2 jambes et d'une tête. Et il n'a même pas la quarantaine! Vous comprenez le désarroi de votre enfant. Et vous ne pouvez pas le faire changer de classe. Le prétexte du maître soporifique, ça ne marchera pas. 
 
Depuis l'an dernier, l'idée de l'IEF vous vient régulièrement à l'esprit. Mais franchement, retirer son enfant de l'école, Est-ce que c'est vraiment une idée qui tient la route? Comment vont le vivre votre famille, votre entourage, vos amis?

Le jugement des autres est tellement important. Mais est-il si important que le bien-être de vos enfants?

Bah non, et c'est bien ça qui aide à prendre la décision de partir pour l'aventure IEF. Votre enfant a un bon niveau scolaire, il ne rencontre pas de difficultés particulières, il aime apprendre, il aime découvrir des choses. Mais là, il entre dans le dégout de l'école.
 
Vous êtes des parents responsables, aimants, attentifs et attentionnés (même si vous râlez souvent, même si votre patience a des limites et même si vous n'achetez pas tout ce qu'il vous demande).
Et votre enfant doit retrouver le goût d'apprendre et du savoir. L'IEF est une solution. Vous en parlez avec lui, et vous voyez sa mine se réjouir, il reprend goût à la vie (non, je n'exagère pas), il commence même à faire des projets pour la mise en place de l'instruction. Il est chaud! Vous aussi!
Vous allez vous lancer, ensemble, parents et enfant, ça y est!
 

Enfin, dire que ça y est, c'est mentir un peu.

Mais vous avez fait le plus dur : prendre la décision.
A présent, il vous faut mettre en place la démarche, car tout doit être fait dans les règles et dans le cadre de la loi.
Pour cela, votre seul coup de fil, vous le réservez au Directeur de l'école primaire dont dépend votre enfant. Va falloir lui annoncer la couleur. Et vous devinez que ça ne va pas être simple. Il va sûrement tenter de vous dissuader, de vous convaincre que l'école "réelle" est mieux pour votre enfant et tout le blabla. Vous le connaissez bien le Dirlo, il sourit peu, il n'a pas l'air franchement sympathique et il en impose! Vous faites votre petit syndrome du cric (en cliquant sur le lien, vous allez atterrir sur une page qui raconte la fameuse blague du syndrome du cric, j'adore!!)
 
"- Je tenais à vous avertir que nous avons mûrement réfléchi notre décision, et nous pensons qu'il est mieux pour notre fils de nous lancer dans l'IEF pour cette année de CM2.
 - Entendu, mais vous avez un tas de paperasses à remplir, attention, sinon il y aura signalement auprès de l'assistance sociale. (glacial, sec, autoritaire)
- Heu oui oui bien entendu, nous allons faire toutes les démarches qui s'imposent. (intimidé, hésitant)
- Entendu. Par contre, vous n'avez pas d'affaires appartenant à l'école dans le cartable de votre fils? (accusateur)
- Je ne sais pas, je vais regarder et si c'était le cas, je vous les restituerai. (limite voleuse)
- Je compte sur vous. Merci, au revoir."
 
Bah merde alors! Même pas une seule question sur la motivation de notre choix, pas un seul argument pour nous convaincre de faire marche arrière. Rien.
En fait, le Dirlo, vous l'avez profondément vexé (jusqu'à l'os pour être précis). Vous comprenez, vous venez de lui expliquer que vous allez faire vous-même le boulot d'un professeur des écoles... Vous remettez en question tout son savoir, à lui, alors que vous n'êtes qu'une maman ou un papa.
N'empêche, ça s'est fait.
 
Maintenant, "le tas de paperasses" dont vous parlait le Directeur, se résume à 3 courriers, tous identiques (sauf pour le destinataire) : un à l'Inspection académique, un à votre mairie et un par courtoisie au directeur de l'école, qui, si vous ne le faites pas, ne manquera pas de vous poser problème (enfin on imagine, déjà qu'il vous accuse de voler les affaires de l'école).
 
Et c'est parti, votre enfant est en IEF. Il n'est pas en marge de la société, au contraire, il peut voir la Société d'un œil différent, qui le rend bien plus curieux, qui l'autorise à être bavard (qui l'encourage même, enfin pas trop non plus), qui le responsabilise dans sa propre instruction et qui lui apporte une certaine fierté.
 
Après il faut l'annoncer aux familles, qui ne comprennent pas ce choix, mais qui savent que vous aimez votre enfant et que vous allez tout faire pour son bien. Ils vont essayer de vous faire confiance, et par respect, ils ne devraient pas trop vous saouler avec des remontrances, qui seraient plutôt logiques sans recul sur les faits, évidemment. Il faut aussi se mettre à leur place. Les idées reçues ont la peau dure, et on nous dit depuis toujours que c'est l'école qui fait de nous ce que nous sommes, alors qui pouvons nous devenir, si nous n'allons pas à l'école? Des terroristes peut-être? (Non, ça c'est pour vous mettre en haleine jusqu'au prochain article, à paraître bientôt.)

Episode 2/2 à suivre en cliquant ici...